ENJEUX ET METHODE
D’UN INVENTAIRE DES PAYSAGES DU GERS


INTRODUCTION

Cet Inventaire des Paysages du Gers est un travail mené par le CONSEIL D’ARCHITECTURE D’URBANISME ET D’ENVIRONNEMENT DU GERS et l’association ARBRE ET PAYSAGE 32, sous la Direction de la DIREN MIDI-PYRÉNÉES.

Il a pu être réalisé grâce aux concours financiers de l’UNION EUROPÉENNE (FEDER, Programme Pastel 1996-2001), du CONSEIL RÉGIONAL MIDI-PYRÉNÉES et du CONSEIL GÉNÉRAL DU GERS.

Un comité de pilotage regroupant un certain nombre d’acteurs institutionnels (DIREN, Préfecture, DDAF, DDE, SDAP, Conseil Général, CDTL, Conseil Régional, CRPF, Université du Mirail, URCAUE) a suivi en continu le travail durant les deux années nécessaires à l’opération.

Cet inventaire fait suite au travail réalisé par l’Union Régionale des CAUE (URCAUE) : « Paysages de Midi-Pyrénées, éléments pour un inventaire régional prospectif ». Elle en constitue en prolongement et un approfondissement à l’échelle départementale.

Il répond à la fois à :

  • une commande exogène, de la part de la DIREN, au titre de la politique nationale initiée par le Ministère de l’Environnement qui vise à une meilleure connaissance et une meilleure prise en compte des paysages dans les politiques publiques
  • un besoin local de se doter d’un outil efficace et de combler un manque et une volonté de la part du CAUE 32 et d’Arbre et Paysage 32 de travailler ensemble, en partenariat sur cette question.

Le CAUE 32 et Arbre et Paysage 32 sont deux associations départementales aux compétences complémentaires - habituer à travailler régulièrement ensemble - qui ont acquis au fil des années une connaissance fine du territoire et qui interviennent au quotidien aux cotés des acteurs locaux. L’engagement dans la démarche ’Inventaire des Paysages du Gers était aussi l’occasion de capitaliser, formaliser et formuler cette expérience et cette connaissance de terrain.

« Le paysage est l’expression observable par les sens à la surface de la terre de la
combinaison entre la nature, les techniques et la culture des hommes. Il est
essentiellement changeant et ne peut être appréhendé que dans son dynamisme,
c’est-à-dire dans le cadre de l’histoire qui lui restitue sa quatrième dimension ».

Jean-Robert PITTE, « Histoire du paysage français », Ed. Tallandier, Coll.
Approches, Paris,1986.


AVANT PROPOS

Ce travail n’est ni un « atlas », ni un « recensement » ou un « catalogue » du patrimoine mais un état des lieux synthétique qui a pour ambition de dresser un inventaire du paysage et des paysages de la Gascogne Gersoise (inventaire des types, des genres de paysages, du plus banal au plus typique, du plus discret au plus exceptionnel).

Il tente de rendre compte des paysages gersois de manière objective, en donnant des clefs de compréhension et avec un réel souci d’exhaustivité de hiérarchisation, d’organisation des informations. Il repose sur une double préoccupation :
- une approche progressive du général au local, de l’ensemble à l’élément,
- une approche à la fois descriptive, explicative et prospective dans un cadre d’étude et de lecture toujours évolutif.

Il se veut l’étape première d’un travail de longue haleine sur les paysages gersois, qu’il faudra prolonger, notamment dans le cadre de partenariats élargis (groupe de travail).

Il est conçu avec une « visée opérationnelle » en ce sens qu’il constitu pour les acteurs locaux un outil de travail, une base de donnée aidant à comprendre pour décider, permettant de connaître pour agir.

Il ne s’agit pas d’un état des lieux figé à un temps « t » mais d’un travail d’identification et de mise en évidence des caractères fondamentaux du paysage qui restera par conséquent valide dans sa globalité quelles que soient les évolutions futures des paysages.

LE GERS ET LE PAYSAGE

La question du paysage dans le Gers est relativement récente. Pourtant c’est une préoccupation constante, omniprésente, partagée par de nombreux acteurs, évoquée dans de multiples ouvrages, mais qui, jusque-là, n’a jamais été un objet d’étude en soi au-delà de quelques travaux universitaires, d’études très localisées.

Un travail à l’échelle départementale apparaît pourtant d’autant plus nécessaire qu’il existe dans le Gers une réelle cohérence entre le paysage et les limites administratives qui coïncident globalement.

Échelle pertinente et cohérente, le Gers n’en est pas moins un terrain d’étude difficile. Derrière une apparente homogénéité, les paysages se révèlent très nuancés dans le détail et offrent de nombreuses surprises. Il n’y a pas ou peu de ruptures franches susceptibles de servir de repères. C’est un paysage discret, sobre, à échelle humaine où tout est transition, tout est diffus, dilué.

C’est un paysage rural, « authentique », lentement façonné, sans cesse transformé. C’est un paysage très humanisé profondément marqué par une agriculture qui a récemment changé d’échelle et où la géologie joue un grand rôle même si elle n’est pas directement perceptible, sensible, prégnante. Cette évolution se poursuit aujourd’hui, constamment, « par petites touches », et c’est à ce titre que le paysage est plus « menacé » qu'il n’y paraît car, ici, même les enjeux sont dilués.

UNE MÉTHODE APPROPRIÉE AU CONTEXTE GERSOIS

La cohérence du travail nécessitait de pouvoir rendre compte au mieux des spécificités du paysage gersois, de cette homogénéité d’ensemble et de cette diversité de détail. Il repose donc sur une méthode pertinente, une démarche efficiente permettant d’une part un travail de réflexion et d’enquête et facilitant d’autre part la lecture et la restitution. Le rendu final se présente donc sous la forme de 3 cahiers distincts, qui fonctionnent de manière
autonome mais restent complémentaires, interactifs, au prix parfois de répétitions, redondances. Ces trois cahiers correspondent à 3 approches, 3 entrées ou angles de vue, 3 échelles.

3 échelles
3 entrées
3 approches
le général, le commun, le global
Cahier 1 : Portrait d’ensemble
GÉNÉRALITÉS SUR LES PAYSAGES DE LA GASCOGNE GERSOISE
une monographie explicative
le spatial, les ensembles entitaires
Cahier 2 : Pays et Paysage
LES ÉTENDUES DU PAYSAGE GERSOIS
une synthèse descriptive, commune pour tous les « pays »

le local, l’élément l’objet (fréquent, récurrent)

Cahier 3 : Lieux et Patrimoine
LES COMPOSANTES DU PAYSAGE GERSOIS
une approche thématique, transversale sous forme de fiche

Le travail constitue ainsi une base de donnée à l’architecture constante qui autorise pourtant les mises à jour et qui devra être toujours renseignée, augmentée…. amendée. C’est le cas plus particulièrement du troisième cahier « Lieux et patrimoine » qui est incomplet et le moins abouti. Certaines fiches n’ont pas encore été traitées, celles qui sont réalisées restent à illustrer, d’autres restent à inventer en fonction des évolutions que connaîtra le paysage ou en fonction des volontés qui s’exprimeront.

LES ENJEUX D’UN INVENTAIRE
DÉPARTEMENTAL DU (DES) PAYSAGE(S)

Appréciés dans leur ensemble mais d’apparence confus - faute de clés d’explication - jugés banals au quotidien, les paysages du Gers méritaient d’être (re)découvert, que l’on s’y intéresse précisément car ils constituent certainement l’une des principales richesses du Département. Montrer, expliquer, comprendre et prévenir sur ces paysages, leur devenir, c’est répondre à un triple enjeu :

  • la nécessité d’une meilleure prise en compte des paysages,
  • la nécessité d’une vision partagée entre acteurs sur le territoire,
  • la nécessité de réconcilier les territoires avec leurs paysages.

En cela l’inventaire de paysage tente de constituer :

- un cadre de référence :

  • en offrant une synthèse et une organisation de la connaissance sur les paysages, la géographie, le patrimoine gersois qui étaient jusque-là confuse car diffuse et incomplète (effort de collecte et de mise à plat)
  • en donnant des clefs de compréhension sur l’origine, les évolutions et les logiques spatiales et humaines qui fondent les paysages gersois,
  • en proposant un cadre de vision simple et fonctionnel qui puisse être partagé par tous, un cadre objectif et évolutif d’accès facile qui propose plusieurs niveaux de lecture.

- un outil de réflexion pour l’action et « l’invention » des paysages

  • en constituant un document d’éveil, de découverte, de documentation susceptible d’être décliné pour des usages et des publics ciblés différents,
  • en constituant une matière première à disponibilité de tous (élus, organismes professionnels, acteurs, décideurs, techniciens ou praticiens) pour approfondir l’étude, la réflexion et l’action sur les territoires et les paysages.